Le charbon revient en force en Outre-Mer

Centrale bagasse charbon toujours d’actualité à Marie-Galante, centrale électrique au charbon prévue à Nouméa en remplacement de la centrale électrique fonctionnant au fioul,… l’Outre-Mer va à contre-courant des objectifs de réduction des émissions de GES.
La question concernant Nouméa ne semble pas encore définitivement réglée, et nous espérons que le gouvernement saura peser de tout son poids (défiscalisation, actionnariat Eramet) pour favoriser un projet fonctionnant avec une autre ressource.
Voici la retranscription de la question au gouvernement de Sonia Lagarde (UDI) et la réponse de Delphine Batho, lors de la séance du 22 avril 2013 :

Projet de centrale au charbon en Nouvelle-Calédonie

M. le président. La parole est à Mme Sonia Lagarde, pour le groupe Union des démocrates et indépendants.

Mme Sonia Lagarde : Monsieur le Premier ministre, en 2015, du fait de l’industrie du nickel, la Nouvelle-Calédonie rejoindra les pays du Golfe, principaux contributeurs au réchauffement climatique, et dans les dix ans à venir, ses émissions de C02par habitant vont progresser de plus de 165 %.

Et voilà que la Société Le Nickel, la SLN, filiale du groupe Eramet dont l’usine est implantée en plein cœur de Nouméa, doit remplacer sa centrale électrique au fioul.

Après avoir déclaré que son choix se porterait sur une centrale au gaz, la SLN a récemment annoncé, sur fond de chantage à l’emploi, sa décision de recourir au charbon sans que les Calédoniens aient jamais été consultés. Nous sommes donc devant le fait accompli et, je le dis ici, cela est inacceptable.

Alors que notre lagon est inscrit au patrimoine de l’Unesco, alors que nous sommes l’une des régions du monde les plus touchées par le réchauffement climatique, alors que nous avons un devoir d’exemplarité écologique, dont la SLN ne saurait être exemptée, alors que le Gouvernement a rappelé hier, ici même, l’engagement de la France dans la réduction des émissions de C02, cette seule centrale en rejettera 1,2 million de tonnes chaque année. Pire : cette centrale à charbon sera éligible à la défiscalisation outre-mer.

Ma question est donc très simple. Tiendrez-vous compte des importants enjeux environnementaux lors de l’instruction de la demande de défiscalisation, qui ne devrait pas tarder à arriver sur les bureaux de Bercy ? Et l’État, qui est actionnaire d’Eramet…

M. le président. Merci, madame la députée.

La parole est à Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.

Mme Delphine Bathoministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Madame la députée, je vous prie d’excuser Victorin Lurel, qui est en partance pour Haïti, où il va représenter le Gouvernement français au sommet des États de la Caraïbe.

L’usine de la SLN, filiale d’Eramet à Nouméa, doit effectivement remplacer son ancienne centrale au fuel d’ici à 2018 ou 2020. Le souhait du Gouvernement était qu’Eramet choisisse le gaz comme énergie de remplacement plutôt que le charbon. Il était prêt pour cela à mobiliser tous les leviers possibles pour soutenir la compétitivité du gaz par rapport au charbon, dans une zone Asie-Pacifique où le prix du gaz est extrêmement élevé. C’était aussi la position des élus calédoniens, qu’ils soient du gouvernement ou de la province Sud.

Comme vous l’avez indiqué, Eramet n’a pas choisi cette option. Néanmoins, le Gouvernement reste vigilant. Les autorisations administratives que vous avez évoquées relèvent des autorités locales mais pour le reste, le Gouvernement reste prêt à expertiser toute solution alternative au choix du charbon, qui pose évidemment un problème environnemental. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)