Vote du 1er budget de la COM

Lundi dernier avait lieu le débat sur le budget 2008, le premier budget à part entière de la nouvelle collectivité. Bien que l’on ai pris plus de temps que d’habitude, et même qu’on ait
dépassé les délais légaux pour l’adopter, j’ai eu l’impression de retrouver les mêmes budgets que les années précédentes. Le changement dans la continuité en quelque sorte…

J’ai pour plusieurs raisons, que j’ai exposées dans les grandes lignes lors du débat, voté contre ce budget 2008. Les voici :

1 – je n’ai nulle part trouvé ce que ce budget apporte de nouveau, comment il traduit concrètement le nouveau souffle, le nouveau projet de société que tout le monde attendait avec le
passage en com.

Je ne suis pas surpris que le CESC, dans son avis sur ce budget, ait fait le même constat que moi, ce qui prouve non pas que mon point de vue est le bon mais qu’il est au moins partagé. J’ai noté
aussi que le CESC attirait notre attention sur l’aspect des énergies renouvelables, vers lesquelles nous devrions nous engager très rapidement. Je partage cet avis.

2 – Il paraît que l’on fera face à de grandes incertitudes, qu’on ne sait pas trop à quel niveau s’établiront les dépenses des compétences transférées, ni le montant des taxes nouvellement mises en
place.

J’ai eu l’impression, en regardant de près ce budget, que tout a été fait pour que ce « flou budgétaire » n’aboutisse pas à un – pourtant très improbable – déficit public à la fin de
l’année
, qu’on a cherché à maximiser les dépenses et à minimiser les recettes*, pour être sûr d’annoncer de bonnes nouvelles sur le plan financier. En quelque sorte, le budget me
paraît sinon insincère, tout du moins pêcher par excès de prudence
.

J’ai même pris le pari en séance que ce ne seront pas 2 millions d’euros de trop qu’on dégagera cette année, mais probablement quatre. Quand on sait que cet argent est placé sans être
rémunéré, et ce depuis si longtemps, je n’ose même pas estimer le montant des revenus financiers sur lesquels on s’est assis !

Car là est le point d’achoppement : le but d’une collectivité, est de Saint Barth en particulier, n’est pas de se décharger de l’incertitude budgétaire, mais de l’assumer. Il n’est pas de
ponctionner les administrés pour dégager des excédents de trésorerie, mais d’avoir des projets utiles pour l’intérêt général et de les mener à bien dans les meilleures conditions financières
possibles. S’il y a des excédents réguliers et conséquents – ce qui est le cas – c’est donc que soit on manque de projets, soit qu’on prélève trop de recettes.

3 – Car, pendant qu’on se prévaut d’une gestion prétendument saine, c’est la vie de tous les administrés qui devient chaque jour plus délicate.

Et on ne peut pas faire comme si il n’y avait aucun problème de loyers, pas de hausse du coût de la vie, pas de problèmes de petite enfance, pas de problème concernant les personnes âgées, pas de
problèmes d’insécurité, pas de SDF dans la rue… On fait comme si nous n’étions pas au pied du mur en matière d’énergie et comme si l’activité touristique « roulait toute seule » sans qu’on ait rien
à y faire.

C’est pourquoi, personnellement je ne peux pas avoir ma conscience pour moi et me contenter d’un budget qui fait l’impasse sur les problèmes quotidiens, qui ne correspond à aucun projet de société,
et qui de surcroît ne prépare pas l’avenir.

* les prévisions de recette de la vignette sont déjà dépassées alors que les 3/4 des véhicules seulement l’ont acquittée : la taxe de séjour a déjà rapporté plus de 1,6 M€ sur les trois premiers
mois de l’année pour une prévision annuelle est de 2,5 M€. Même Mme Weber est comme moi optimiste et pense qu’on sera plus proche des 3M€ ; les droits de quai sont basés sur une estimation de 7,5
M€ (6M€ * 5/4) alors qu’en 2006 déjà, dans le compte administratif, on avait collecté 6,2 M€, et sans compter que la collecte a été -et c’est très bien- optimisée ; on a aucune information
concernant la taxe sur les mutations immobilières, mais le montant prévisionnel a été diminué par rapport à la première version du budget (4,4M€ au lieu de 5M€) et les professionnels du secteur
sont plutôt optimistes pour 2008.

Ces nombreux exemples viennent paradoxalement conforter a posteriori ma position quand, lors du débat sur le code des contributions, j’avais argumenté pour ne pas augmenter le taux des
droits de quai de 4 à 5%, et n’appliquer la taxe de séjour qu’à partir du 1er juillet et non pas du 1er janvier.

Voilà, j’espère avoir aidé à éclairer sous un autre angle les éléments principaux de ce budget et vous invite à poursuivre cette discussion en postant vos propre commentaires.