Le VolcanoPark ne devrait pas voir le jour

Souffrière de GuadeloupeCommuniqué de presse de Cap21 Guadeloupe, le 13 septembre 2011

Le VolcanoPark ne devrait pas voir le jour
Cap21 espère que les élus ne donneront pas leur aval au projet VolcanoPark et à l’aménagement d’un accès à la souffrière par téléphérique.
Sur le plan environnemental, la réalisation du téléphérique créera une large trouée dans l’espace naturel et paysager remarquable de la Souffrière, une atteinte à la biodiversité, le tout en plein Parc Naturel. Or la beauté de la Souffrière est d’autant plus grande qu’elle reste intacte.

Cela dit, il est fort probable que le projet de VolcanoPark et de son téléphérique ne verra pas le jour.

En effet, quand bien même les élus décideraient de donner leur feu vert à ce projet aux impacts écologiques néfastes, il resterait à régler la question fondamentale : la viabilité financière du projet.

Si l’affluence annoncée n’est pas au rendez-vous, comme semblent l’indiquer des estimations faites à partir de données externes*, il est fort à parier que les collectivités publiques seront appelées à la rescousse pour essuyer les pertes et pour sauver ce qui pourra l’être, au nom de l’emploi et d’une certaine forme de tourisme.

Heureusement, des solutions alternatives sont envisageables, comme par exemple organiser des rotations par mini-bus, depuis Beausoleil ou un autre lieu plus central dans Saint-Claude, jusqu’à la savane à mulet, suivi d’une randonnée pour le dernier kilomètre. Une telle option permettrait à la fois de respecter le milieu naturel, d’être plus souple à mettre en oeuvre, de dynamiser davantage le centre-ville, de demander moins d’investissements et de générer plus d’emplois et de retombées commerciales sur Saint-Claude et Basse-Terre.

Aussi, Cap21 demande aux élus locaux, avant de décider ou non d’accepter le projet qui leur sera présenté, de bien peser leur décision, et de réfléchir comme si leurs collectivités devaient réaliser et financer le projet elles-même

* : informations complémentaires au communiqué :

Pour étayer mon propos, je me suis basé sur des calculs par comparaison, qui donnent un ordre de grandeur des enjeux du projet.

– le trafic prévu est surévalué.
Les porteurs du projet comptent accueillir 1000 personnes par jour, soit 360 000 par an. Soit 20% de plus que le park Vulcania, en Auvergne !

A la Réunion, la maison du volcan a mis 13 ans après son lancement avant d’accueillir son millionnième visiteur. Or, le volcanisme à la réunion est plus attractif qu’en Guadeloupe, et la Réunion acceuille davantage de touristes que la Guadeloupe (422 000 contre 364 000, données 2009). On voit mal comment le Volcanopark pourrait drainer 3 fois plus de monde…
En fait, le projet est probablement dimensionné pour pouvoir accueillir 1000 personnes par jour les jours de forte affluence. Mais en cumul annuel on risque d’être bien en-deça, une fois passé l’effet curiosité du départ. En plus, on prend en compte dans le trafic total les visites de groupes scolaires, qui gonflent les chiffres sans être pour autant très rentables.

– le coût du projet limite les perspectives de retour sur investissement.

Si on se base sur un ordre de grandeur de coût d’un téléphérique de 5 M€ le kilomètre, cela représente 20 M€ pour les 4 kms prévus pour la Souffrière.
En supposant que cet investissement soit amorti sur 20 ans, il faudra donc trouver 1M€ de recettes par an, sans compter le coût de l’entretien. En supposant que 100 000 personnes prendront le téléphérique, cela met le trajet à un minimum de 10 €.

Pour le VolcanoPark en lui-même, si on prend l’hypothèse d’un coût d’investissement de 4 M€, amorti sur 20 ans, le coût de l’entretien, du fonctionnement et le salaire des 35 emplois créés (en supposant que ce sont des ETP), on tombe sur un besoin de financement annuel d’au moins 2 M€. Ce qui fait un point mort à 20 € par visiteur (dans l’hypothèse de 100 000 visiteurs), soit nettement plus que le tarif demandé par la maison du volcan de la Réunion (l’entrée est à 7 € par adulte et 15 € par famille de 2 adultes et 2 enfants).

Donc pour atteindre le seuil de rentabilité, les porteurs du projet se basent soit sur des tarifs élevés, soit sur une fréquentation très forte. Sachant qu’en général les deux ne vont pas de pair, il est très probable que la structure soit déficitaire. Comme l’est d’ailleurs la maison du volcan de la Réunion qui est financée aux 2/3 par la Région (budget de 3M€ par an), et comme l’a été pendant longtemps le projet Vulcania, en Auvergne (Vulcania qui par ailleurs est partenaire du VulcanoPark).