L’Outre-Mer au coeur de la transition énergétique

Alors qu’au moment de la signature des accords de Kyoto, l’Outre-Mer représentait une très faible part des émissions de GES de la France, il n’en est plus de même aujourd’hui.

Depuis 1990, la Métropole s’est engagée fortement dans la diminution de ses émissions, notamment du point de vue industriel et résidentiel : entre 1990 et 2011, la Métropole a diminué de 13,7% le pouvoir réchauffant global de ses émissions.

Pendant ce temps, de 1990 à 2011, les émissions globales de l’Outre-Mer ont crû de 86% !!

Cette hausse s’explique par des facteurs structurels :
– la hausse de la population ultramarine, qui a augmenté de 36% quand la progression a été de 11,5% en Métropole.
– la hausse de la consommation d’électricité, liée à l’équipement progressif des ménages et entreprises, notamment en climatisation. Or l’électricité est en grande partie produite à partie d’énergies fossiles.
– la hausse des transports routiers et aériens

Par conséquent, alors que l’Outre-Mer contribuait en 1990 pour 1,65% des émissions totales de la France, il pèse aujourd’hui 3,5%.
Si nous continuons sur ce rythme, la progression des émissions ultramarines va plus qu’atténuer les améliorations apportées au niveau de la Métropole.

Pour donner des ordres de grandeurs en volume et non plus en pourcentages :

En 1990, année de référence des engagements pris dans le protocole de Kyoto et pour les objectifs de facteur 4 en 2050, la France émettait 557 Millions de tonnes équivalentes de CO2.
L’objectif fixé pour le facteur 4, autrement dit le seuil d’émission qui permettrait une stabilisation du climat est de 139 millions de tonnes, pour l’ensemble de la France.
En 2011, on est encore loin du but, avec 490 MteqCO2 émises, dont 17 pour l’Outre-Mer.

Emissions de GES en MteqCO2 (hors UTCF)
1990 2011 Variation
Outre-Mer 9,2 17,1 85,9%
Métropole 548,2 473 -13,7%
France 557,4 490,1 -12,1%
% OM/France 1,65% 3,49%

Source CITEPA

Si on rapporte ces informations à chaque individu, l’objectif du facteur 4 est de 1,8 tonne d’équivalent CO2 par an.

En Métropole on en est aujourd’hui à 7,5 teqCO2/hab (contre 9,7 teqCO2/hab en 1990, d’où une baisse réelle), et en Outre-Mer à 8,3 teqCO2/hab (contre 6 teqCO2/hab en 1990, d’où une forte progression).

Emissions par habitant (en teqCO2/hab)
1990 2011 Variation
Outre-Mer 6,0 8,3 36,7%
Métropole 9,7 7,5 -22,6%
France 9,6 7,5 -21,6%
OM / Mét. 63% 110%

Ces données sont celles sur lesquelles s’est basée la France dans le cadre du protocole de Kyoto. Elles ne tiennent pas compte de l’Utilisation des terres, leur changement et la forêt (UTCF). En intégrant cette donnée, les résultats sont encore plus pénalisants pour l’Outre-Mer.

A l’heure où la transition énergétique va être prise en compte sur le plan législatif, et à moins d’un an de la conférence Paris-Climat, les acteurs de l’Outre-Mer et le législateur doivent prendre des mesures fortes pour que l’Outre-Mer contribue lui aussi à la transition énergétique.

Ces mesures, ces efforts, et nous aurons l’occasion d’y revenir plus en détail d’en d’autres billets, doivent porter à la fois sur la maîtrise de la consommation électrique pour les ménages et les entreprises, sur le développement des énergies renouvelables, et sur une diminution nette dans le domaine des transports.