Extension du port de Gustavia – étude de faisabilité

projet de digue de Gustavia Voici ma contribution au débat « houleux » sur la question de l’extension du port de Gustavia (voir le projet présenté aux élus), qui finalement s’est traduit par un report après les élections de 2012.

L’extension du port de Gustavia est en effet un serpent de mer, on en parlait déjà au début du XIXème siècle, où le camarade Jobert, avait présenté un projet de digue. Depuis 200 ans rien n’a été fait. C’est donc que ce n’est pas une question qui va de soi.

Or, sur la forme on nous présente juste de débattre du principe de créer une digue, sans aucun élément pour alimenter notre réflexion :
– le conseil portuaire n’a pas donné d’avis
– les commissions compétentes (travaux pour la partie technique, finances pour la partie économique, tourisme pour l’impact sur l’économie touristique, environnement pour la qualité du paysage et des milieux marins, réserve naturelle,…) n’ont pas dégrossi le sujet, ni même été informées du projet. Heureusement la commission environnement s’est saisie du sujet et en a débattu dans sa dernière réunion.
– les services techniques auraient dû être sollicités pour nous fournir des éléments.

Au lieu de cela le rapport nous joints juste le courrier adressé par un particulier, aussi respectable qu’il soit, mais ce courrier sert plutôt de faire-valoir qu’autre chose.

Sur le plan juridique
, je ne comprends pas que la collectivité puisse mentionner que la concession sera accordée à la personne qui aura préalablement réalisé les études. Juridiquement le marché de l’étude et celui de la concession sont donc liés. Et vu les montants en jeu, il faudra réaliser un appel d’offres. Tout cela n’est pas très légal. Et si on votait une délibération en ce sens, elle serait très fragile et ne résisterait pas ni au contrôle de légalité, ni à la plainte d’un seul citoyen qui ne serait pas favorable à la digue.

Sur le plan financier
, que se passerait-il si les élus décidaient de ne pas concrétiser l’étude ? Faudra-t-il dédommager celui qui l’a réalisée, en prenant aussi en charge une partie des bénéfices potentiels qu’il n’aurait pas pu réaliser ?

Sur le plan technique
, je dénonce régulièrement la manière dont les travaux dans le port ont été réalisés, qui ont conduit à l’apparition du phénomène de houle dans le port en période de Noël. J’ai voté contre le projet de réalisation du quai de la collectivité pour cette raison. J’ai demandé aussi qu’on réalise une étude globale de la houle dans la rade et le port, avec modélisation des impacts des travaux réalisés et des propositions pour diminuer ces impacts, y compris par la construction éventuelle d’une digue. Seule une telle étude nous permettra de juger des travaux à réaliser. Nous avons rencontré à l’automne une entreprise qui est spécialiste de ce type de travaux, Actimar à Brest. Commençons par là avant de nous engager dans de lourds travaux.
Quel objectif réel se fixe-t-on ? Si c’est pour protéger contre la houle, le plan proposé n’est pas le meilleur loin de là, puisqu’il est ouvert exactement comme le port actuellement. Si c’est pour créer une marina, il faut d’abord en discuter de l’opportunité. En liant étude de faisabilité et concession, il saute aux yeux que l’étude conduira à une maximisation des emplacements portuaires créés.

Sur le plan politique
, il y a les conséquences de la houle et la commodité que représenterait un nouveau quai. Mais il y a aussi le charme du port. Le fait qu’il soit petit, intégré dans la ville, crée un caractère exclusif intéressant y compris pour la clientèle de motoryacht que l’on recherche. La preuve, un grand nombre se mouille à Shell Beach. Autrement dit, venir à Saint-Barth se mérite et doit continuer de se mériter. Cette question concerne toute la population et non pas seulement les autorités portuaires et les habitants de Gustavia. Elle n’est pas que technique, elle est politique, elle mérite un véritable débat, jusque et y compris une consultation de la population.